Les
ornements extérieurs des armoiries sont : le timbre, les tenants, les
supports, le cri de guerre, la devise, le manteau. On appelle timbre
tout ce qui surmonte l'écusson : les casques, les bourrelets, les
lambrequins, les cimiers et les couronnes.
CASQUE
ET HEAUME
Le casque a été employé par toutes les nations comme armure défensive,
et les formes qu'on lui a données ont changé suivant les temps et les
lieux. Comme protecteur de la tête, il est la plus noble pièce de
l'armure d'un guerrier, l'abri du siège de la pensée qui médite les
ruses de guerre, les plans de bataille, les grandes combinaisons
politiques. De là est venue la coutume de le placer sur le milieu de
l'écu, c'est-à-dire sur le chef qu'il semble protéger, et on l'a orné
des marques distinctives les plus honorables, des couronnes indiquant
les titres.
Avant que les couronnes fussent d'un usage aussi répandu qu'elles le
sont aujourd'hui pour timbrer les armoiries, on se servait seulement du
casque ou heaume, et au moyen de règles fixes, la position et le titre
de chaque gentilhomme étaient parfaitement reconnus. Quoique ces
règlements n'aient pas toujours été suivis exactement, il ne faut pas
croire que l'usage des différentes espèces de timbres soit facultatif.
Avant le quinzième siècle, le heaume se posait de profil, sur la pointe
gauche de l'écu, et il n'était alors qu'un simple ornement ; mais
lorsque la mode vint de poser l'écu de front, le casque, conservé comme
ornement, fut encore la marque distinctive du rang des personnes, et
les règles suivantes furent établies.
Le casque des rois et des empereurs est d'or, damasquiné, taré (posé)
de front, la visière entièrement ouverte et sans grille, parce que le
souverain doit tout voir et tout savoir. Le casque ainsi taré est le
signe de la toute-puissance, qui ne relève que de Dieu seul.
Les princes et ducs souverains portent le casque également d'or,
damasquiné et taré de front, mais moins ouvert que celui des
souverains, pour indiquer qu'ils relèvent d'une puissance supérieure.
Ils peuvent y ajouter onze grilles.
Les ducs non souverains; les marquis, les grands officiers de la
couronne, tels que les chanceliers, les amiraux, les maréchaux,
timbrent d'un heaume d'argent taré de front, à onze grilles, damasquiné
et bordé d'or.
Le casque des comtes, vicomtes et vidames, est d'argent, taré au tiers,
à neuf grilles d'or, les bords de même. On le voit quelquefois taré de
front, mais c'est une dérogation aux principes qui n'a pu être
consacrée, même par l'usage.
Le casque des barons est d'argent, posé de trois quarts, à sept grilles
d'or seulement, et les bords de même.
Le gentilhomme ancien qui était chevalier ou que le souverain avait
revêtu de quelque charge importante dans les armées ou à la cour,
timbrait son écu d'un casque d'acier poli, montrant cinq grilles
d'argent ainsi que les bords, et taré de profil.
Le gentilhomme de trois races paternelles et maternelles portait son
casque d'acier poli, taré de profil, la visière ouverte, le nasal
relevé et la ventaille abaissée, montrant trois grilles à sa visière.
Le nouvel anobli timbre d'un casque de fer ou d'acier poli, posé de
profil, dont le nasal et la ventaille sont entr'ouverts, ce qui
signifie qu'étant le premier de sa race il n'a rien à voir des actions
d'autrui et doit plutôt obéir que commander.
Le heaume des bâtards est aussi d'acier poli et taré de profil, mais
tourné à sénestre, comme signe de bâtardise, et la visière complètement
baissée.
Quelques auteurs donnent aux ducs onze grilles, aux marquis neuf, aux
comtes et vicomtes sept, aux barons cinq, et aux gentilshommes trois.
COURONNE
La couronne a toujours été un emblème de souveraineté et de
commandement, et tous les peuples en ont orné la tête de leurs chefs.
Homère s'extasie devant les couronnes des rois dont il peint les
prouesses. Virgile cite la couronne d'or du roi Latinus, lorsqu'il
régla les conditions du combat entre Enée et Turnus. Diodore de Sicile
dit que le casque d'Alexandre était orné d'une couronne d'or, et
l'empereur Aurélien, si l'on croit Aurélius Victor, portait une
couronne d'or rehaussée de pierres de grand prix.
Les premiers rois de France n'avaient pour couronnes que des cercles
d'or massifs, posés sur la tête nue ou sur le casque. Ce fut
Charlemagne qui le premier se couvrit d'une véritable couronne ornée de
fleurons et de pierres précieuses. Vulson dit l'avoir vue conservée
dans le trésor de Saint-Denis et il en donne un dessin qu'il assure
être fort exact, ajoutant que cette couronne servait au sacre des rois.
Tous les nobles titrés ont, à l'imitation des souverains, voulu se
parer de couronnes, qu'ils plaçaient sur les heaumes. La coutume de
joindre toujours ces deux ornements a été abandonnée et ne se pratique
plus que dans certains cas laissés d'ailleurs à la fantaisie. On se
contente presque généralement aujourd'hui de surmonter l'écu d'une
couronne.
A différentes reprises les souverains ont dû réprimer l'usurpation des
couronnes par des personnes que leur titre n'autorisait pas à les
porter. Ainsi des comtes prenaient des couronnes de marquis ou de ducs,
et de simples gentilshommes voulurent même timbrer leurs armes de
couronnes appartenant aux plus hauts titres. L'arrêt de 1663 portant
défense à tout gentilhomme non titré de prendre la qualification de
duc, marquis, comte, etc..., sous peine de 1500 livres d'amende, fit
cesser l'abus pendant quelque temps; mais il se renouvela bientôt, et
l'on pourrait croire aujourd'hui qu'il n'y a plus de règles établies,
tant les usurpations de ce genre ont été nombreuses. Espérons qu'à
défaut de dispositions législatives, les sarcasmes publics feront
justice de ces usurpations qu'on ne saurait trop flétrir. (J'ai vu
souvent des familles prendre un titre auquel elles croyaient de bonne
foi avoir des droits, parce qu'elles possédaient un cachet de famille,
timbré d'une couronne. On doit regarder comme un devoir de les éclairer
à cet égard, et de leur faire rejeter toute prétention fondée sur un
document aussi futile et si contestable).
La couronne des papes ou tiare se compose d'une toque d'or, ornée à son
sommet d'un globe surmonté d'une croix. Elle est environnée d'une
triple couronne d'or, et laisse pendre deux cordons semés de
croisettes. Les trois couronnes représentent le pape comme le souverain
sacrificateur, le grand juge, et le seul législateur des chrétiens.
Souverain spirituel de tous les peuples catholiques, représentant de
Dieu sur la terre, le pape est considéré comme la plus haute puissance
qui, après Dieu, s'étend sur l'humanité. La tiare est aussi appelée
Regnum.
La couronne des empereurs est couverte et rehaussée en façon de mitre,
ayant au milieu des deux pointes un diadème surmonté d'une boule ronde
et d'une croix de perles. Les empereurs d'Allemagne recevaient cette
couronne des mains du pape, pour indiquer qu'ils étaient empereurs du
monde chrétien. L'empereur Napoléon avait pris une couronne fermée dont
les cercles étaient soutenus alternativement par un fleuron et par une
aigle.
La couronne royale de France était formée d'un cercle surmonté de huit
fleurs de lis, au pied nourri, servant de bases à des diadèmes perlés
qui se réunissent au sommet par une fleur de lis double.
Les rois des autres puissances remplacent les fleurs de lis par des
fleurons, et surmontent les diadèmes d'un globe et d'une croix.
La couronne d'Angleterre prend des croisettes pattées au lieu de
fleurons, et est surmontée d'un léopard.
Le grand-duc de Toscane portait une couronne relevée sur son cercle de
plusieurs pointes, semblables à celles des couronnes antiques, mais un
peu recourbées et surmontées, une sur deux, de fleurs de lis au pied
nourri. On y ajoutait deux grandes fleurs de lis épanouies de Florence.
Les dauphins de France portaient une couronne royale formée seulement
de quatre diadèmes. Chacun de ces diadèmes avait la forme d'un dauphin.
Tous les autres enfants de France n'avaient que le cercle d'or surmonté
de huit fleurs de lis sans diadème.
Les autres princes du sang n'avaient que quatre fleurs de lis et quatre
fleurons.
Les princes du Saint-Empire se servent pour timbrer leurs armoiries
d'un bonnet d'écarlate rehaussé d'hermines, diadémé d'un demi-cercle
d'or orné de perles, et surmonté d'un globe, comme celui des empereurs.
Les ducs, en France, portent leur couronne, d'or, rehaussée de huit
fleurons et enrichis de pierreries et de perles.
Celle des marquis est surmontée de quatre fleurons, séparés chacun par
trois perles qu'on posait autrefois sur une même ligne, mais qui sont
réunis aujourd'hui en forme de trèfle.
La couronne des comtes n'a point de fleurons; elle est rehaussée de
seize grosses perles dont neuf visibles, portées chacune sur une
pointe. Quelques anciens héraldistes voulaient que cette couronne fût
réservée aux comtes souverains, et que pour celle des comtes non
souverains les perles fussent posées immédiatement sur le cercle. Cette
distinction n'a pas été suivie.
La couronne de vicomte n'est rehaussée que de quatre perles, dont trois
visibles.
Celle des vidames est surmontée de quatre croix pattées.
Les barons n'ont qu'un cercle d'or émaillé, environné d'un bracelet ou
chapelet de perles. Ce chapelet était souvent accordé par les
souverains comme récompense honorifique. Edouard, roi d'Angleterre, en
donna un à Eustache de Ribeaumont, son prisonnier, et lui fit remise de
sa rançon en honneur de la bravoure qu'il avait déployée.
Les chevaliers bannerets timbraient leur écu d'un cercle d'or orné de
perles.
Le bourrelet n'était qu'un rouleau de ruban aux couleurs de l'écu,
souvent même aux couleurs qu'affectionnait la dame du chevalier. On le
plaçait sur le casque comme simple ornement auquel n'était attaché
l'indication d'aucun titre.
Les chanceliers ou gardes des sceaux de France posent sur le casque
dont ils timbrent leur écu un mortier rond, de toile d'or, brodé de
même et rebrassé d'hermines.
Les présidents à mortier des cours de parlement ont un mortier noir,
rehaussé de deux larges galons d'or.
ORNEMENTS DU PREMIER EMPIRE
L'empereur Napoléon avait substitué aux couronnes des nobles titrés des
toques surmontées de plumes dont le nombre indiquait la dignité de
celui qui les portait. Cet usage ne s'est pas conservé, et les familles
anoblies ou titrées par Napoléon ont repris les anciennes couronnes.
Cependant, comme les monuments du temps portent ces insignes, il est
bon de les faire connaître.
Prince Souverain
Manteau d'azur, frangé d'or,
doublé d'hermine et surmonté d'une couronne d'or à bonnet d'azur.
Prince Grand Dignitaire
Manteau d'azur semé d'abeilles
d'or, doublé d'hermine, surmonté d'un bonnet d'azur, retroussé d'hermine
Six lambrequins d'or
Toque de velours noir, retroussée de vair, avec porte-aigrette or à
sept plumes d'argent.
Duc
Manteau d'azur, doublé de vair
Six lambrequins d'or
Toque de velours noir, retroussée d'hermine, avec porte-aigrette d'or,
surmonté de sept plumes d'argent
Comte sénateur
Manteau
d'azur, doublé de fourrure blanche
Quatre lambrequins, deux d'or et deux d'argent
Toque de velours noir, retroussée de contre-hermine, avec
porte-aigrette or et argent, surmonté de cinq plumes d'argent.
Comte
Quatre lambrequins, deux d'or et deux d'argent
Toque de velours noir,
retroussée de contre-hermine, avec porte-aigrette or et argent,
surmonté de cinq plumes d'argent.
Baron
Deux
lambrequins d'argent
Toque de velours noir,
retroussée de contre-vair, avec porte-aigrette argent, surmonté de
trois plumes d'argent.
Chevalier
Toque de velours noir, retroussée de sinople, à un porte-aigrette
d'argent, surmonté d'une aigrette du même.
ORNEMENT DES
ECCLESIASTIQUES
Les ecclésiastiques ont aussi un ornement indiquant les dignités dont
ils sont revêtus. C'est un chapeau surmontant la couronne et l'écusson.
Les cardinaux ont le chapeau rouge à large bord, accompagné de cordons
de même couleur entrelacés et terminés par cinq houppes.
Les archevêques prennent un chapeau à grands bords qui couvre
entièrement l'écu comme celui des cardinaux. Il n'en diffère que par la
couleur verte, et les pendants à quatre houppes au lieu de cinq.
Le chapeau des évêques est aussi de sinople et les pendants à trois
houppes.
Les abbés et protonotaires portent sur l'écu de leurs armes un chapeau
noir dont les cordons entrelacés et pendants se terminent par deux
houppes de même couleur.
Les prieurs et abbesses entourent leurs armoiries d'un chapelet ou
patenôtre.
ORNEMENT DES
FEMMES
Une
guirlande de feuilles ou de fleurs entourant l'écusson d'une dame fut
longtemps le symbole de son célibat ou de son veuvage. Mais depuis le
xve siècle on trouve cet ornement remplacé par une cordelière en filet
à nœuds, et les écrivains les plus experts dans l'art héraldique ne
sont pas d'accord sur l'origine de cet usage.
Les uns disent que, dès l'année 1470, Louise de La Tour d'Auvergne,
veuve de Claude deMontaigu, tué dans un combat, avait pris pour devise
une cordelière à nœuds rompus, avec ce jeu de mots bien conforme à
l'esprit de l'époque : J'ai le corps délié. Les autres donnent la
priorité à Marie de Clèves, mère de Louis XII, dont on voyait le blason
ainsi environné sur les vitraux de l'église des Cordeliers de Blois.
Ce qui paraît plus certain, c'est que la reine Anne de Bretagne, afin
de témoigner la dévotion particulière qu'elle portait à saint François
d'Assise, patron de son père, créa, pour les veuves et demoiselles de
sa cour, un ordre de la Cordelière. De même que le roi donnait aux
chevaliers de Saint-Michel un collier à coquilles, cette princesse
choisit pour signe distinctif de sa nouvelle institution un collier à
nœuds, imitant le cordon des religieux franciscains; elle le conféra
surtout aux nombreuses demoiselles qu'elle se plaisait à élever à ses
frais dans son palais, et qu'elle nommait ses filles. Dès lors, les
dames de l'Ordre mirent le collier autour de leurs armoiries. La reine
elle-même leur en donna l'exemple après la mort de Charles VIII, son
premier époux, arrivée en 1498. En même temps elle adopta la légende
déjà attribuée à Louise de La Tour d'Auvergne.
Des historiens trop médisants ont osé remarquer, à cette occasion,
qu'elle fut mal inspirée dans son choix, puisqu'elle boitait et avait
la taille très-peu déliée.
Bientôt après, la cordelière autour de l'écu fut généralement adoptée à
la place de l'ancienne guirlande.
LAMBREQUINS
Les
lambrequins représentent des morceaux d'étoffe tailladés en feuilles,
colorés des émaux de l'écu, entourant le casque et descendant aux deux
côtés de l'écusson. Ils sont volet quand, découpés en lanières, ils
paraissent voltiger au gré du vent ; capeline, quand leur forme est
celle d'une cape ; mantelet, si elle se rapproche de celle d'un manteau
; et lorsqu'ils ressemblent aux rubans que les dames attachaient aux
casques des chevaliers, on les appelle hachements.
Le lambrequin, qui, réduit à des proportions minimes, n'est plus qu'un
ornement de blason, était autrefois un vêlement de tête, soit pour
préserver le casque contre l'action de l'air humide, soit pour empêcher
qu'il ne s'échauffât trop aux rayons du soleil. Quelques héraldistes
pensent aussi que les lambrequins symbolisent les branches de feuillage
que les chevaliers mettaient sur leur casque en signe de victoire.
Enfin, on en a tiré l'étymologie de ce qu'ils tombaient en lambeaux par
les coups que recevaient les chevaliers de leurs antagonistes dans les
joutes, tournois et batailles.
CIMIERS
C'est
l'ornement du timbre de l'écu et la pièce la plus élevée sur les
armoiries. Cette pièce tire son nom du lieu élevé où on la mettait,
comme on donne celui de cime à l'éminence d'une montagne.
Exemple de cimier (tête
d'homme)
Armoiries de Guillaume
d'Aubigné, seigneur de Landal, 1367
Hérodote attribue aux Cariens la première invention des cimiers. «Ceux
de cette nation, dit-il, furent les premiers qui portèrent des
aigrettes et des plumes sur leurs casques, et les premiers qui
peignirent des figures sur leurs boucliers; et c'est à cause de ces
cimiers que les Perses les appelèrent des coqs, parce qu'ils
paraissaient crêtés comme ces animaux ».
Au rapport de Diodore de Sicile, les rois d'Egypte portaient pour
cimiers des têtes de lion, de taureau ou de dragon, pour marques de
leurs dignités. Prolée, roi d'Egypte, changeait tous les jours de
cimier ; il portait en tête tantôt un mufle de lion, tantôt la tête
d'un cheval, tantôt celle d'un dragon, d'où les poètes ont pris
occasion de le faire passer pour un dieu qui changeait de forme à tout
moment.
C'est ainsi que les premiers cavaliers passaient pour des centaures. On
trouve dans les poèmes d'Homère, de Virgile, du Tasse et de l'Arioste,
la description de plusieurs cimiers. C'était ou pour paraître plus
grands ou pour se faire remarquer plus particulièrement dans le combat,
ou pour inspirer de la terreur à leurs ennemis, que les cavaliers
portaient des cimiers qui étaient des dépouilles ou la simple
représentation des plus fiers animaux.
Les cimiers d'animaux sont fort anciens et ont donné lieu à beaucoup de
fables. Les Assyriens représentaient Sérapis avec une tête d'épervier,
parce que dans les combats il l'avait pris pour cimier. Jupiter Ammon
fut représenté avec une tête de bélier, parce qu'il en portait une dans
les combats pour cimier. Alexandre est représenté sur les médailles
avec une tête de bélier, parce qu'il se disait fils de Jupiter Ammon,
et sur d'autres avec un mufle de lion sur la tête. Géryon portait un
triple cimier sur la tête, ce qui a fait dire au poête qu'il avait
trois tètes.
Exemple de cimier
d'animal (une tête de chien) : armoiries de Verone
Source : Armorial de
Bellenville, ms.fr. 5230, Bibliothèque Nationale de France
(gallica.bnf.fr)
Les cimiers ont servi quelquefois à distinguer les factions: celle des
Monaldeschi, anciens gentilshommes d'Orviète en Italie, se partageant
en 1330, prit quatre cimiers différents : la biche, le chien, la guivre
ou vipère, et l'aigle.
Les cimiers ont servi aussi à distinguer les branches des familles;
souvent ils n'ont été qu'une simple devise. Côme de Médicis, duc de
Florence, portait pour cimier un faucon d'argent, tenant de la serre
droite un anneau d'or garni d'un diamant avec le mot
semper, qui
était la devise.
Des maisons ont pris pour cimier une pièce de leur écu : le cimier des
rois de France est une fleur de lis; celui de l'empire, un aigle; celui
de Castille, un château; celui de Lyon, un lion.
Les Colonnes, d'Italie, ont pris pour cimier une
sirène ; les ducs de Brunswick, un cheval. Les Tartares portent sur
leurs têtes des plumes de hibou depuis que le Zingi ou Chinsis fut
délivré de ses ennemis par le moyen d'un hibou qui s'était perché sur
l'arbre sous lequel ce prince s'était caché ; ce qui fit croire à ses
ennemis que personne n'était près de là, puisque cet oiseau y était en
repos.
On parlera dans tous les temps du cimier ou panache blanc de Henri IV.
Henri IV, après la mort de Henri III, avait été abandonné par la
plupart des seigneurs de son armée, et Mayenne se faisait fort de
l'amener aux Parisiens pieds et poings liés ; mais Mayenne avait
affaire à un adversaire qui ne dormait pas, et
qui usait, comme
disait le prince de Parme,
plus de bottes que de souliers. Après
avoir battu Mayenne à Arques, Henri de Bourbon le battit encore à Ivry.
On sait les paroles qu'il adressa à ses troupes avant la bataille :
Mes
compagnons, si vous courez ma fortune, je cours aussi la vôtre. Je veux
vaincre ou mourir avec vous... Gardez bien vos rangs, je vous prie ; et
si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de
vue mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de
l'honneur et de la victoire.
Sources
:
Traité complet de la Science du
Blason, J. d'Eschavannes - 1885
Noblesse, blason, ordre de chevalerie : manuel héraldique, E. Dentu -
1859
Trésor héraldique, A. de La Porte - 1864
Histoire du blason et
science des armoiries, par Gabriel Eysenbach - 1848