René
DESCARTES, mathématicien,
physicien et philosophe français
Descartes
(René), né en Touraine en
1596, fils d'un conseiller au parlement de Bretagne; le plus grand
mathématicien de son temps, mais le philosophe qui connut le moins la
nature,
si on le compare à ceux qui l'ont suivi. Il passa presque toute sa vie
hors de
France pour philosopher en liberté, à l'exemple de Saumaise, qui avait
pris ce
parti.
On a
remarqué qu'il avait un frère
aîné, conseiller au parlement de Bretagne, qui le méprisait beaucoup,
et qui
disait qu'il était indigne du frère d'un conseiller de s'abaisser à
être
mathématicien. Ayant cherché le repos dans des solitudes en Hollande,
il ne l'y
trouva pas. Un nommé Voët et un nommé Shockius, deux professeurs du
galimatias
scolastique qu'on enseignait encore, intentèrent contre lui cette
ridicule
accusation d'athéisme dont les écrivains méprisés ont toujours chargé
les
philosophes.

Armoiries
de René Descartes
Source
: Les hommes illustres, par Charles Perrault,
1696
En vain Descartes avait épuisé son génie à rassembler les preuves de la
Divinité, et à en chercher de nouvelles; ses infâmes ennemis le
comparèrent à
Vanini dans un écrit public : ce n'est pas que Vanini eût été athée, le
contraire est démontré; mais il avait été brûlé comme tel, et on ne
pouvait
faire une comparaison plus odieuse. Descartes eut beaucoup de peine à
obtenir
une très légère satisfaction par sentence de l'académie de Groningue.

Portrait
de René Descartes
Source
: Les hommes illustres, par Charles Perrault,
1696
Ses Méditations, son Discours sur la méthode, sont encore estimés;
toute sa
physique est tombée, parce qu'elle n'est fondée ni sur la géométrie, ni
sur
l'expérience. Ses Recherches sur la dioptrique, où l'on trouve la loi
fondamentale de cette science soupçonnée par Snellius, et des
applications de
cette loi, qui ne pouvaient être que l'ouvrage d'un très grand
géomètre; ses
travaux sur les lois du choc des corps, objet dont il a eu le premier
l'idée de
s'occuper, seront toujours, malgré les erreurs q'il lui sont échappées,
des
monuments d'un génie extraordinaire; et le petit livre connu sous le
nom de
Géométrie de Descartes lui assure la supériorité sur tous les
mathématiciens de
son temps. Il a eu longtemps une si prodigieuse réputation, que La
Fontaine,
ignorant à la vérité, mais écho de la voix publique, a dit de lui :
Descartes,
ce mortel dont on eût fait un dieu
Chez les païens, et qui tient le milieu
Entre l'homme et l'esprit, comme entre l'huître et l'homme
Le tient tel de nos gens, franche bête de somme.
L'abbé Genest, dans le siècle présent, s'est donné la malheureuse peine
de
mettre en vers français la Physique de Descartes.
Ce n'est guère que depuis l'année 1730 qu'on a commencé à revenir en
France de
toutes les erreurs de cette philosophie chimérique, quand la géométrie
et la
physique expérimentale ont été plus cultivées. Le sort de Descartes en
physique
a été celui de Ronsard en poésie. Mort à Stockholm en 1650.
Source
:
siècle de Louis XIV, suivi de la liste raisonnée des personnages
célèbres de
son temps, par Voltaire.